Douze idées pour développer une équipe provinciale de voile jeunesse au Québec (Partie 2)

Ceci constitue la suite de l’article présentant douze idées pour développer une équipe provinciale au Québec. La première partie, si vous ne l’avez pas encore lue, est accessible à ce lien.

Un développement est survenu depuis: la publication de la version officielle du projet d'équipe provinciale de la fédération. Ce document a été transmis par la fédération malgré d’évidentes faiblesses et le peu de consultations dont il a fait l’objet.

Ceux qui disposent du document de la fédération pourront constater que l’approche préconisée est très différente de ce qui est suggéré ici - avec notamment pour différences le rôle de l’Optimist, le nombre, la destination et le coût des déplacements en hiver et au printemps, et le type de structure proposé pour soutenir les athlètes. Bien que les parents aient à répondre d’ici deux semaines, espérons que des ajustements pourront être faits pour améliorer le projet de la fédération, qui semble présentement susciter plus de questionnements que d’enthousiasme auprès des parents, coachs et athlètes, ceci selon quelques réactions obtenues.

A la fin de l'article, vous trouverez aussi quelques "notes additionnelles" qui couvrent le Circuit du Québec, les Jeux du Québec, le Championnat du Québec et la manière de gérer le Laser 4.7, trop souvent traité au Québec sans le distinguer du Laser Radial, alors que ces deux types de Laser devraient être traités comme des embarcations différentes, comme cela se fait partout où le 4.7 a du succès, notamment en Europe. Le Laser 4.7 joue de fait un rôle essentiel, distinct du Laser Radial, dans l'organisation proposée de l'équipe provinciale.

Pour en revenir aux douze idées, la première de celles discutées ci-dessous tranche par exemple avec ce qui est proposé par la fédération. Le document que celle-ci a transmis suggère un voyage à Vancouver au mois d’avril, alors qu’il est proposé ici plutôt de naviguer en Nouvelle-Angleterre, ce qui peut se faire par la route, à bien moindre coût, en utilisant les bateaux des athlètes (c'est sur le chemin entre le Québec et la Floride), et à plusieurs reprises, afin de ne pas amener de perturbations excessives dans le développement scolaire et d'avoir des blocs d'entraînement efficaces de 4 jours.

VII. Prolonger la saison de voile grâce à la Nouvelle-Angleterre

Sail Newport - au Rhodes Island
Si la saison de voile est particulièrement courte au Québec, elle l’est moins à seulement quelques centaines de kilomètres, en Nouvelle-Angleterre.

Déjà, certains athlètes du Québec s’y entraînent, par exemple à l’excellent centre de voile Sail Newport au Rhodes Island.

Prolonger la saison de voile, pour les athlètes du Québec, est possible en organisant des longues fins de semaine d’entraînement en Nouvelle-Angleterre, ceci pour les 4 escadrons -- Club 420, 29er, Laser 4.7, Laser Radial -- formant l'équipe.

Par exemple, en manquant seulement 2 jours de classe les jeudi et vendredi, il est possible d’avoir un départ le mercredi soir par la route, et un retour le dimanche en fin de journée. De Montréal, c’est environ 600 km de route et c’est très faisable.

Sur le plan logistique, l’idée serait d’avoir un accord avec Sail Newport ou un autre centre similaire pour y amener les bateaux à l’automne, une fois qu’il n’est plus possible de pratiquer au Québec, et de laisser les bateaux sur place, afin d’organiser par exemple 2 longues fins de semaine d’entraînement, qui seraient tenues à deux semaines d'intervalle.

Au printemps, l’avantage est encore plus conséquent, car durant une période de l’ordre de 6 semaines, qui permettrait 3 ou 4 blocs de 4 jours d’entraînement, les conditions sont typiquement bonnes en Nouvelle-Angleterre, alors qu’elle ne le sont pas encore au Québec.

Si au total 5 blocs d'entraînement de 4 jours sont organisés, cela augmente d’une vingtaine de journées le temps de pratique sur l’eau par an, ce qui est considérable.

Cela demande évidemment une certaine logistique et a des conséquences financières, mais reste raisonnable, surtout en comparaison de voyages en avion vers des destinations dans le Sud des États Unis ou encore dans l'Ouest canadien.

Les logements ne sont pas dispendieux en Nouvelle-Angleterre à ces époques de l’année, et il est possible d’organiser les athlètes pour partager les chambres. Les coûts de transport par la route sont également modérés, surtout dans le cas de covoiturage.

VIII. Organiser des entraînements d’hiver, avec priorité aux congés scolaires   

Le besoin de pratiquer la voile de compétition en hiver est un généralement reconnu. Est ce essentiel? Peut être pas, si la saison est déjà prolongée grâce à des sessions de pratique en Nouvelle Angleterre. Est ce souhaitable? Certainement, au minimum à une reprise pendant l’hiver, idéalement deux.

Il existe de multiples destinations possibles pour pratiquer durant l’hiver, que ce soit aux Etats Unis, au Mexique, dans les Caraïbes, en Amérique du Sud, ou encore en Europe ou même en Australie ou en Nouvelle-Zélande.

Pour limiter les coûts et les décalages horaires, la Floride est toutefois la destination la plus logique. Si les bateaux sont déjà à Newport, il reste environ 2500 km à parcourir pour se rendre au Sud de la Floride, ce qui est réalisable en 2 journées de route. Pour les athlètes et les coachs, les vols vers des aéroports tels que Fort Lauderdale, Miami, St Pete-Clearwater sont évidemment nombreux.

Il est donc très faisable de mettre en place des camps d’entraînement en Floride. Il y a plusieurs destinations possibles, y compris Miami et Jensen Beach, où il y a des US Sailing Centers. D’autres destinations sont possibles, notamment Clearwater.

Pour la période de Noël / nouvel an, ce qui est important est d’avoir un programme solide durant cette période et d’avoir au minimum 10 jours de pratique sur place. Il faut profiter au mieux des deux semaines disponibles.

Il importe de prendre en compte la régate Orange Bowl, tenue entre Noël et nouvel an, qui peut être courue sur les 4 embarcations. Y participer est une décision à prendre au niveau de chaque équipe.

Si il est décidé de participer à Orange Bowl, il convient toutefois que l’équipe reste sur place en Floride, la semaine suivante, pour s’entraîner, que ce soit à Miami ou ailleurs.

Pour le camps d’hiver, il pourrait être également considéré d’ouvrir celui-ci aux athlètes avancés en Optimist, pour peu qu’il y en ait suffisamment pour justifier la mobilisation d’un coach. Sinon, ces athlètes pourront toujours se joindre à d'autres équipes de club habituées à être à Miami à cette période, par exemple celles de l'Ontario ou de la Nouvelle-Écosse.

Il faut s’attendre que la plupart des athlètes avancés en Optimist deviendront plus tard des membres de l’équipe provinciale, et c'est une bonne chose de démarrer le rapprochement à cette occasion.

A noter que le niveau de compétition à Orange Bowl est généralement élevé, et qu’une des conditions de succès est d’y arriver sans avoir interrompu trop tôt la saison d’automne. Ceci renforce le rationnel d’entraînements d’automne en Nouvelle-Angleterre, et aussi d’arriver dès que possible, en fonction des contraintes scolaires, à Miami pour s’entraîner quelques jours avant la régate.

Le deuxième congé scolaire qui peut être utilisé est la Semaine de relâche (Spring Break), qui a lieu début Mars. A nouveau, il est possible d’organiser un camps en Floride durant cette semaine, les bateaux étant déjà sur place.

Pour cette semaine, une autre localisation en Floride peut d’ailleurs être choisie, pour amener une certaine variété et aussi possiblement contrôler les coûts.

A noter que juste quelques semaines après la Semaine de relâche, il est possible de recommencer les entraînements en Nouvelle Angleterre, fin Mars ou début Avril.

IX. Utiliser la période hivernale pour la préparation physique et les formations théoriques

Il est important sur le plan de la voile proprement dite d’avoir une période de repos hivernale, qui serait ramenée, de 6 mois à 3 ou même 2 mois, en fonction des entraînements d’hiver suivis par l’athlète.

Mais l’hiver peut être judicieusement utilisé pour la préparation physique et aussi les formations théoriques en matière de stratégie, tactique et de règles de courses.

Pour la préparation physique, chaque athlète aura à se commettre à un plan d’entraînement, exécuté seul ou en groupe, avec une fréquence d’entraînement idéalement de 3 ou 4 séances par semaine - se limiter à 2 séances étant généralement considéré comme insuffisant.

Ce sera au directeur sportif, en collaboration avec le coach et possiblement un entraîneur en conditionnement physique contracté pour la circonstance, à aider chaque athlète à développer un plan détaillé et à l’approuver.

L'entraînement physique doit être fait de manière très prudente, car il sera trop tôt pour plusieurs des athlètes d’utiliser des haltères. Idéalement, un mécanisme de suivi / contrôle serait aussi mis en place pour s’assurer qu’il y ait bien adhérence au plan.

Pour les stratégies, tactiques et règles de course, il pourra être organisé par exemple 2 fins de semaine, avec des experts invités. Il pourrait aussi être procédé à des formations en ligne, ce qui est plus pratique pour certains athlètes étant donné les difficultés de transport en hiver, ou encore les autres occupations des athlètes. Ou alors il pourrait être recouru à une combinaison des deux.

X. Contrôler les coûts annuels par une bonne planification

Si pour de nombreux athlètes, la pratique de la voile a commencé par quelques semaines de camps d’été, la réalité de la voile de compétition, de niveau canadien et international, requiert d’en faire un sport pratiqué pour bien plus que 6 mois.

Ceci implique des déplacements hors saison, proposés ici en Nouvelle Angleterre et en Floride. Cela requiert aussi des déplacements pour les régates de niveau international auxquelles il importe de participer, en dose appropriée.

La question des coûts devient alors essentielle, car pour de nombreuses familles, en l’absence de soutien financier, les budgets alloués au sport sont limités.

L’approche proposée vise à contrôler les coûts. L’encadrement proposé ici, en termes d'heures de coaching, est assez similaire à celui qui est fourni dans les clubs, à l'exception du temps du directeur sportif.  C’est surtout le prolongement de la durée de la saison, par les entraînements en Nouvelle Angleterre, et les camps d’hiver, qui augmentent sensiblement les coûts.

Comment contrôler les coûts? Tout d’abord, en ayant 8 à 12 athlètes pour chaque type de bateau (ou peut être même plus dans le cas des dériveurs en double), et en gardant une structure légère, se limitant à 4 coachs et un directeur sportif, telle que déjà décrit.

Ensuite, il faut considérer les coûts totaux aux familles, y compris les déplacements, la nourriture, le logement. Ce qui permet d’éviter des dépenses excessives est d’organiser du co-voiturage, et des logements partagés disposant de cuisines. Le camping peut aussi être envisagé dans certains cas.

Pour chacune des « sous-équipes » de 8 à 12 athlètes, par type d’embarcation, Il est possible qu’un ou deux parents soient présents, à titre de volontariat, et assistent pour le transport, la nourriture etc. Les parents peuvent jouer ces rôles - on les appelle les « chaperons » dans la classe Optimist - à tour de rôle durant l’année. Cela évite alors aux autres familles de devoir être présentes, ce qui réduit aussi les coûts réels aux familles.

A noter qu’en Europe, il y a en général une personne additionnelle, rémunérée, qui joue ce rôle, et les parents sont alors peu, ou pas présents, lors des compétitions, même dans le cas de l’Optimist. C’est une manière de faire qu’il conviendra de considérer également.

Pour ce qui est des coach boats / RIBs, il importera de trouver des formules avec les clubs, pour éviter à ce que l’équipe provinciale doive posséder ses propres bateaux. Mais à terme, il sera probablement nécessaire de faire certaines acquisitions - sachant que leur location sur les circuits de régates est particulièrement onéreuse.

Comme déjà souligné, le nombre de déplacements à l'étranger de chaque athlète, en particulier dans le Sud, ne devrait pas être imposé, puisque certains athlètes s'entraîneront par exemple plus fort pendant la saison de voile, au printemps et en automne, pour aboutir au total à des niveaux de pratique comparables à ceux ayant fait plusieurs séjours dans le Sud.

Combien la participation à une telle équipe provinciale coûtera sur une année. Tout dépendra de l’intensité des déplacements aux régates, y compris à l’étranger, et de l’efficacité dans l’organisation. Il conviendra de calculer les coûts réels sur base de plan annuel de régates et entraînements, pour chacun des types d'embarcation.

A première vue, l’approche suggérée ne représente probablement pas un surcoût significatif par rapport à ce que dépensent déjà la plupart des familles pour leurs athlètes de haut niveau.

XI. Développer des communications professionnelles sur les activités de l’équipe

Il y a beaucoup de potentiel de développer des communications professionnelles pour faire connaître les activités de l’équipe, pour pouvoir montrer tout ce qui est fait pour améliorer le niveau des athlètes.

Grâce aux médias sociaux tels que Instagram, Facebook et Twitter, il y a tout un potentiel de communication, actuellement peu exploité.

Il importe aussi d’avoir d’excellents outils, y compris des drones, pour les photos et vidéos. Il convient aussi de temps à autres de recourir à des professionnels pour photographier / filmer les athlètes.

La communication aidera grandement à mieux faire connaître le sport, à le valoriser, à attirer de nouveaux athlètes vers la voile de compétition en général, et vers l’équipe provinciale en particulier, et à disposer de matériel de qualité en vue de la recherche de financements et de commandites.

Il faut le rappeler, la voile de compétition reste un sport peu pratiqué au Québec, malgré l'abondance de plans d'eau, et de gros efforts doivent être faits pour attirer les jeunes vers ce sport.

XII. Rechercher des financements et commandites

Mettre en place une équipe provinciale selon ces suggestions devrait permettre de démontrer rapidement des progrès tangibles des athlètes, et aussi de bien les communiquer.

Il sera alors plus aisé de justifier des demandes de financements publics et de commandites privées. Cela permettra aussi aux athlètes et aux familles d’organiser des levées de fonds avec des budgets bien justifiés.

A terme, il conviendra d’augmenter le budget de l’équipe provinciale, pour permettre des dépenses additionnelles telles que le recours ponctuel à des coachs externes, à des experts invités, ou encore pour des camps d’entrainement supplémentaires (par exemple à l’International Sailing Academy au Mexique), pour des régates internationales supplémentaires, etc.

L’essentiel est de commencer avec une petite structure, crédible, efficace et agile, susceptible d’attirer les meilleurs athlètes et les meilleurs coachs, et de travailler fort pour optimiser le développement des jeunes athlètes de haut niveau, tout en mettant progressivement en place une structure permanente et viable pour l’équipe provinciale.

NOTES ADDITIONNELLES

Pour ce qui est du Circuit du Québec, il faut reconnaître son rôle pour le développement de la voile jeunesse, mais ce n’est pas un cadre propice pour les athlètes de haut niveau. Il ne faut toutefois pas exclure de temps à autres une participation de membres de l’équipe à des étapes de ce circuit.

Il est à noter que le circuit, commence généralement tard par rapport aux autres provinces, et termine aussi assez tôt. Si une première étape du circuit se tenait la première ou la seconde semaine de juin, à proximité de Montréal, cela faciliterait une participation des membres de l’équipe provinciale.

De manière similaire, les Jeux du Québec n’offrent que peu d’intérêt pour des athlètes visant à atteindre un niveau canadien voire international. Il conviendrait d’ailleurs de ne pas permettre la participation des membres de l’équipe provinciale à ces jeux, car ils auraient la tâche trop facile, ce qui est susceptible d’amener des frustrations chez les autres participants. C’est un peu comme mettre un marin d’Optimist de la flotte rouge dans la flotte verte - cela n’a pas de sens.

Il conviendrait de mieux mettre en valeur le Championnat du Québec, qui se déroule typiquement à Vaudreuil la seconde semaine de Septembre, et où il faut s’attendre à ce que tous les membres de l’équipe provinciale participent. Dernièrement, certains athlètes ne savent même plus si c’est un championnat du Québec, si ils sont champions du Québec, ou si ils ont simplement participé à une régate du Circuit du Québec parmi d’autres.

Pour le Laser 4.7, il importe de le séparer une fois pour toute du Laser Radial pour les régates organisées au Québec. Cette séparation doit aussi avoir lieu dans le cadre de l'équipe provinciale. C’est important, car les deux bateaux ont des performances tout à fait différentes, les faire naviguer ensemble, que ce soit aux entraînements, et encore moins aux régates, est contre-productif. Aux régates, il faut dorénavant prévoir des départs séparés. C’est la seule manière de permettre le développement du Laser 4.7 et d’organiser correctement la transition à partir de l’Optimist. Tel que déjà discuté, il faut aussi séparer les flottes pour permettre aux athlètes québécois de collecter des points en vue du « Grand Prix » nord-américain organisé par la classe, qui sert de mécanisme de sélection pour les championnats mondiaux.

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